Combien louer sa capacité transport ?
La question de la « location » de capacité de transport revient souvent parmi les entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans le transport routier de marchandises ou de voyageurs. Il est essentiel de rappeler d’emblée que la location de capacité de transport est interdite par la réglementation française et communautaire. Le gestionnaire de transport doit avoir une gestion effective et continue de l’activité. Dans cet article, nous expliquons pourquoi la location est proscrite, quel est le rôle réel du gestionnaire et comment fixer une rémunération conforme et raisonnable.
Pourquoi la « location » de capacité est interdite
En France comme dans l’Union européenne, la mise à disposition pure et simple d’une attestation de capacité sans implication réelle du gestionnaire est considérée comme une fraude réglementaire. Les règles issues notamment du règlement (CE) n°1071/2009 et des textes nationaux imposent que la personne responsable de la capacité assume des responsabilités concrètes dans l’entreprise.
La conséquence : une entreprise qui « loue » une capacité s’expose à des contrôles, des sanctions administratives, financières, voire pénales. Le gestionnaire qui se contente d’un rôle formel risque également la perte de son honorabilité et des sanctions individuelles.
Les obligations du gestionnaire de transport
Le gestionnaire doit exercer des missions effectives et documentées. Parmi ses responsabilités courantes :
- Assurer la gestion opérationnelle et administrative de l’activité de transport.
- Veiller à l’entretien et à la conformité technique de la flotte.
- Contrôler les documents de transport et les contrats (lettres de voiture, contrats clients, etc.).
- Suivre la réglementation sociale (temps de conduite et de repos, cartes conducteur).
- Gérer le recrutement, la formation et le suivi des conducteurs.
- Maintenir la traçabilité des décisions et actions (comptes rendus, registres d’entretien, tableaux de bord).
En clair, le gestionnaire ne peut pas être un simple prête-nom : il doit participer réellement aux décisions stratégiques et opérationnelles de l’entreprise.
Comment la loi encadre la gestion effective
Les autorités exigent des preuves de gestion effective : présence opérationnelle, documents signés, décisions validées, justificatifs d’interventions, etc. Lors d’un contrôle, l’administration vérifiera la réalité des missions et la continuité de la gestion. L’absence de traces ou la faiblesse des interventions peut suffire à démontrer une mise à disposition frauduleuse.
Rémunération du gestionnaire de transport externe : principes et niveaux indicatifs
La rémunération doit refléter la réalité et l’ampleur des missions. Plusieurs critères entrent en compte :
- Taille et complexité de l’entreprise (nombre de véhicules, sites, zones d’exploitation).
- Temps consacré (temps plein, mi-temps, ou mission ponctuelle).
- Type de transport (transport léger <3,5 t / transport lourd >3,5 t).
- Niveau de responsabilité (pilotage stratégique, gestion financière, conformité réglementaire).
Ordres de grandeur
À titre indicatif et selon les pratiques du marché, pour du transport lourd, avec responsabilité sur une flotte et des chauffeurs, les tarifs peuvent varier de 600 à 1 200 € HT par mois. (voire davantage selon la complexité).
À ces forfaits de base, peuvent s'ajouter une somme par véhicule supplémentaire allant de 100 à 300€ mensuel selon le type de transport.
Ces fourchettes sont indicatives : la rémunération doit faire l’objet d’un accord contractuel clair (contrat de travail, mandat, ou convention de prestation) et être proportionnée aux tâches réellement accomplies.
Risques et sanctions en cas de fausse sous-traitance
Les conséquences possibles pour l’entreprise et le gestionnaire :
- Retrait ou suspension de l’autorisation d’exercer l’activité de transport.
- Perte d’honorabilité professionnelle pour le gestionnaire.
- Sanctions financières, redressements, et actions pénales en cas de fraude avérée.
La prévention passe par la formalisation contractuelle et la conservation de preuves tangibles de l’activité effective du gestionnaire.
Bonnes pratiques pour sécuriser la relation
- Rédiger un contrat écrit décrivant précisément les missions, le temps consacré, les modalités de rémunération et les indicateurs de performance.
- Documenter l’activité : comptes rendus, feuilles de route, rapports d’entretien, preuves de décisions opérationnelles.
- Prévoir des revues régulières de conformité interne (audit, tableau de bord) pour démontrer la gestion effective.
- Privilégier la transparence vis-à-vis des autorités et des partenaires commerciaux.
Conclusion
La location de capacité de transport est proscrite : il ne suffit pas de prêter une attestation. Le gestionnaire doit assumer une gestion effective, documentée et continue. Sa rémunération doit refléter les responsabilités et le temps consacré, et être formalisée par écrit. Pour sécuriser votre projet, mettez en place des contrats clairs et conservez des preuves tangibles de la gestion opérationnelle.
Vous lancez une activité de transport ou cherchez un gestionnaire conforme ? Prenez le temps de formaliser la mission par écrit et d’exiger des preuves de gestion effective : cela protège votre entreprise et garantit la conformité avec la réglementation française et européenne.